Auteur inconnu
« (et) A mon retour, le baptisé « Trebuh » anticipa mes émotions en lisant sur mon visage. Il ne parla pas mais nous échangeâmes une longue conversation du regard. Le silence était éloquent. Toute notre vie venait de s'effondrer en un instant et une nouvelle commença à cet instant précis.
Tout d'abord, nous décidâmes que dorénavant l'existence ne sera plus une crainte permanente d'ouvrir une porte, de se promener, de parler, de dire ce que l'on pense et ce que l'on sait. Dorénavant, notre vie serait un destin forgé, et non subit. L'orc et l'elfe avaient vécus trop de choses en commun, trop de difficultés, de joies, de bonheurs, de malheurs partagés, ce destin serait donc partagé, à la vie, à la mort. En ce jour tragique, l'exacerbation de notre affect nous poussa à accomplir un rituel de fraternisation, plus connu en elfique sous le nom de transfuge identitaire. Cette cérémonie millénaire, pratiquée par les premiers adeptes de Vélaniel, était initialement un moyen de pérenniser la sagesse et le savoir des très vieux elfes, qui transfugeaient leur esprit dans le corps des très jeunes, et vice-versa. Nul n'a jamais réussi à confirmer ou infirmer cette légende, mais il est dit que les sorciers du clan Flamme dargent perdaient leur immortalité au fur et à mesure qu'ils usaient de leur magie. Les disciples contemporains de l'ancien dieu voient leur constitution affectée temporairement mais ceux de jadis étaient définitivement altérés à chaque sortilège incanté. La nature et l'origine de la puissance de leur magie sont bien sûr désormais oubliées.
Quoi qu'il en soit c'est mon père qui m'avait apprit ce rituel quasiment perdu et il était assez simple ; Il suffisait que les deux personnes s'assoient face à face et chante une mélopée en elfique ancien. Les paroles sont extrêmementet déconcertantes, seule une interprétation est possible et seuls les spécialistes en langues antiques (elfique, runes) pourront les comprendre (c'est à dire actuellement et d'après ce que je sais le Quendetar et Vahid)
Après avoir prononcés simultanément l'énigmatique poème, je dis à mon ami : « A partir de ce jour, nous serons unis à la vie à la mort et nos noms seront échangés pour sceller cette communion ».
Nous décidâmes ensuite de quitter la Grande Forêt que nous considérions comme trop dangereuse.
Je fis ainsi le même jour le deuil de ma famille, de ma maison, de mes racines et de mon nom elfique.