Je suis Alazam, fils d' Eléram, descendant d'une longue lignée d'historiens ithoriens, tous membres de l'ordre du poignard dargent, une organisation secrète pourchassée par la sainte inquisition et dont le but est d'empêcher que la vérité sur le culte de Keldar ne tombe dans l'oubli.
En ce jour de l'an de grâce 1420, j'ai décidé de compiler toutes les informations connues par notre confrérie, informations transmises oralement de père en fils depuis des cycles et des cycles, car l'étau se resserre sur notre société secrète.
Nos frères tombent les uns après les autres sous les coups des sombres inquisiteurs et nous ne sommes plus qu'une poignée.
Le monde doit savoir, Idéo doit être au courant des terribles secrets de l'inquisition et du mal innommable qui, tapi dans les ténèbres, pervertit ou engloutit inlassablement et imperceptiblement tout ce qu'il y a de bon et de lumineux sur cette terre.
Il y a plusieurs millénaires de cela, Oukhmar, le dieu du ciel, régnait en maître absolu sur Ideo, avec son épouse, Elihavia, déesse de la terre.
De leur union, au bout de plusieurs siècles, naquirent cinq enfants, Aldménir, Azolth, Dallia, Délémia et Karkh, qui furent éduqués pour se voir, un jour, confiés la direction des affaires dIdeo.
Toutefois, Oukhmar, capricieux et versatile, à l'image du ciel, s'ennuyait avec Elihavia, l'austère et sévère déesse de la terre. C'est pourquoi il succomba aux charmes de Teclis, déesse de l'amour, pensant ainsi rompre la monotonie de son existence.
Elihavia, au fait des tendances libertines de son époux et guère confiante en le serment de fidélité prononcé par Oukhmar, faisait constamment surveiller celui-ci et eut tôt fait de découvrir l'adultère, et pire encore : Teclis attendait un enfant, un garçon.
Envahie par une rage irrépressible et dévastatrice, Elihavia s'efforça de nuire à son mari infidèle par tous les moyens possibles. De violentes éruptions volcaniques, de terribles tremblements de terre et de puissants raz de marée dévastèrent la planète pendant des cycles et des cycles, anéantissant quasiment toute forme de vie.
Toutefois, tout comme la terre n'a aucune emprise sur le ciel, tout comme les coulées de lave ne peuvent atteindre le firmament et les typhons la voûte céleste, les efforts de Elihavia furent vains.
Son mari restait impassible à sa fulmination.
Artificieuse et retorse, Elihavia ne lâcha pas prise et changea de stratégie afin d'assouvir sa soif de vengeance et de soulager son égo blessé. Elle prononça alors une terrible imprécation contre le fruit de cette union illégitime.
L'enfant maudit serait le porteur d'un terrible fléau qui précipiterait Idéo tout entier dans les ténèbres éternelles.
Mortifié, Oukhmar fit appel à sa soeur, Actas, déesse de la sagesse versée dans les arts occultes.
Malheureusement, celle-ci dut admettre qu'il n'y avait aucun moyen de conjurer le mauvais sort.
Toutefois, elle put altérer la malédiction par une puissante incantation qui fit que Teclis aurait des jumeaux, deux fils. Si l'aîné serait Almdar (dar, celui qui est; alm, le malheur ultime dans la langue des dieux) le vecteur de mille maux, le cadet serait son opposé, Keldar (Kel étant la droiture ou la justice), l'incarnation de la lumière.
Et effectivement, quelques mois plus tard, Teclis eut deux garçons, identiques en tout point. Hormis la terrible destinée promise à l'aîné...
La déesse de l'amour, malgré l'épée de Damoclès qu'était Almdar pour le monde, ne pouvait se résoudre à se débarrasser de son enfant et convainquit Oukhmar, à présent son mari, pour éviter que les jumeaux ne naissent dans la disgrâce, d'épargner Almdar.
Toutefois, Oukhmar détestait l'aîné des jumeaux et s'en désintéressa totalement pour ne soccuper que du cadet, Keldar, à qui il consacra tout son temps.
Alors que Keldar put s'épanouir pleinement grâce à l'amour de ses parents, Almdar, privé de l'affection de son père, vit grandir en lui une haine incommensurable pour son frère, lui qui avait tout, alors qu'Almdar n'avait rien.
Dévoré par sa colère et son ressentiment, le désespoir d'Almdar était tel qu'il fut contacté par Celui dont le nom ne peut être dit, entité émanant directement du mal cosmique, qui luttait activement contre les dieux.
L'esprit maléfique chercha à tenter Almdar, lui promettant de lui donner tout le pouvoir nécessaire pour punir sa famille. Il ne lui fallut guère d'efforts pour convaincre le fils d' Oukhmar, qui était à présent totalement sous le contrôle de sa haine.
Celui dont le nom ne peut être dit remit alors à Almdar une dague empoisonnée, avec laquelle il devait frapper mortellement son frère.
Une nuit, Almdar s'introduisit furtivement dans les appartements de son cadet endormi et se jeta sur lui armé du poignard funeste.
Malheureusement pour lui, Keldar se réveilla in extremis grâce à ses sens aiguisés et, du fait de son entraînement poussé aux arts guerriers, n'eut aucun mal à maîtriser son aîné félon.
Alerté, Oukhmar ordonna à Keldar d'exécuter son frère et de précipiter sa dépouille dans les abysses.
Toutefois, être de compassion et de bonté, Keldar décida secrètement d'épargner son frère sombre et se contenta de le bannir du panthéon des dieux.
Ainsi débuta la déchéance d'Almdar.
Abandonné de tous, torturé par les entités perverses qui se délectaient de ses souffrances, il fut recueilli par Celui dont le nom ne peut être dit.
L'entité souhaitait utiliser la noirceur des sentiments de Almdar contre les dieux. Il lui expliqua qu'une partie du pouvoir des dieux venait de l'énergie créée par les races de mortels par le biais des prières et de leur foi.
Pour affaiblir les dieux, il suffisait donc de détourner les êtres inférieurs de la foi, grâce aux émotions inférieures, telles la haine, la peur, ou le désespoir.
L'entité révéla également à Almdar qu'en s'adonnant à la magie noire, il pourrait aussi se nourrir de ces sentiments ténébreux, faisant ainsi d'une pierre deux coups, sapant les forces de ses ennemis et renforçant les siennes.
Almdar s'avéra être un élève remarquablement doué et il eut tôt fait de maîtriser l'art ténébreux à la perfection. Art qu'il employa avec Celui dont le nom ne peut être dit pour transformer de vastes étendues verdoyantes en marais putrides, où il invoqua des hordes de morts-vivants, afin de semer la terreur et la désolation dans le coeur des humains.
Celui dont le nom ne peut être dit s'incarna dans un squelette colossal et prit le nom de Zhart.
Il rassembla l'engeance d'outre-tombe et fit marcher ses légions osseuses sur la ville de Dominia.
La puissance de Zhart était telle qu'il était impossible pour un mortel ne serait-ce que de l'érafler.
C'était sans compter sur l'intervention divine de Keldar. Assisté par sa tante, Actas, il forgea une épée de lumière à même de pénétrer et de dissiper les ténèbres les plus viles et adouba un formidable chevalier, du nom d'Hémérim d'artillac, à qui il confia l'épée.
Le sieur d'Artillac était le plus valeureux guerrier de tout l'est d'idéo et, grâce à l'aura divine qui émanait à présent de lui, il réunit un petit groupe de soldats qui se baptisèrent paladins, du fait qu'ils avaient mis leur épée au service du dieu Keldar.
Les preux avancèrent à marche forcée vers l'ouest pour briser le siège de Dominia.
Le reste de l'histoire est connu de tous.
Après la défaite de zhart, Actas récupéra la dépouille de la liche qui abritait encore Celui dont le nom ne peut être dit et entreprit un rituel qui scella la force vitale de l'entité dans une sphère qu'elle brisa en douze morceaux, connus plus tard sous le nom de glyphes et qu'elle dispersa aux quatre coins d'idéo afin d'éviter que le mal innommable ne puisse à nouveau être invoqué.
En effet, il suffit de prononcer le nom du démon, à condition davoir reconstitué la sphère, pour le libérer de la où il est confiné.
Les forces sombres semblaient anéanties.
Toutefois, Almdar ne s'avoua pas vaincu. Il tira les leçons de son échec et un plan méphistophélique germa dans son esprit névrosé.
Il s'incarna sous les traits d'une elfe sublime et parvint à tenter le jeune Hémérim d'Artillac.
Celui-ci, fou amoureux, ne se méfia pas quand ce qui semblait être une nis inoffensive lui offrit un splendide pendentif, preuve de son amour.
Bijou qui était en fait une amulette de captation, qui engloutit la force vitale de Keldar quand le dieu de lumière usa à nouveau de métempsycose avec le chevalier d'Artillac.
L'amulette fut confiée à des démons qui l'emportèrent aux confins des marais. Lâme de Keldar est depuis prisonnière de ce carcan dor , à la merci des esprits maléfiques qui le tortureront à jamais.
Almdar n'eut alors aucun mal à usurper la place de Keldar, comme il était son jumeau, et eut de nouveau accès aux plans divins.
Almdar se servit du chevalier d'Artillac, qui était maintenant son séïde, sans volonté propre, et profita du renom acquis par celui-ci pendant la guerre pour prendre le contrôle de l'est d'idéo, plaçant ses âmes damnées à la tête de ce qui allait devenir Ithoria.
Keldar éliminé, Almdar profitait des prières destinées à son frère et gagna fortement en puissance.
Néanmoins, sa soif de vengeance ne s'arrêta pas là. Il lui fallait éliminer ses demi-frères et soeurs pour accéder à un pouvoir absolu. Pour cela, il entreprit de saper leur pouvoir, en semant le chaos et la terreur parmi les peuples d'idéo, non pas en attaquant de manière frontale, ce qui l'avait mené à l'échec, mais insidieusement et perfidement.
Il fit décréter par ses serviteurs les autres religions illégales à Ithoria puis chassa les mages.
Ses suppôts aiguillonnèrent les tensions qui existaient entre orques et elfes et fomentèrent une guerre entre ces deux races.
Les ténèbres se répandaient sur Idéo, les peuples se déchiraient et s'entretuaient pendant que la sainte inquisition maintenait avec grande habileté un voile devant la vérité et faisait disparaître les rares qui connaissaient la vérité ou qui se battaient pour elle...
Un mal indicible et pernicieux se cache dans les recoins de la terre, incarné par Almdar lusurpateur.
Il attend son heure pour porter le coup fatal et ainsi satisfaire de manière illusoire, le gouffre béant et sans fond de sa vengeance...
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